Documents - Coupures de presse


Lettre ouverte d'Esther et Jochen Gerz
à la suite de la polémique et de la campagne de presse
notamment la parution dans le Neue zeit de la position du commandant militaire.

Le 6 Octobre 1996

Madame, Monsieur,
Dans le numéro du 21 septembre, vous avez publié une position du commandement militaire de la Stiery, représenté par Arno Manner, à propos de l'article du 15 septembre sous le titre Les militaires de Styrie ont-ils perdu leur courage? tout ceci concernant l'appel d'offre de monument sur le site des victimes du national socialisme sur le champ de tir du Feliferhof, commande que nous avons gagnée (50 ans après l'occupation allemande) au début de l'année 1996.Ce concours a été sanctionné par un jury dans lequel M. Manner était partie prenante et qui d'après nos informations, en a cautionné le résultat en tant que représentant du commanditaire et des militaires. La décision du jury a été ovationnée par la presse autrichienne et allemande comme un choix courageux et exemplaire. Le Président de Fédération Internationale des Droits de l'homme, D. Jacoby, a écrit au maire de Graz Alfred Stingl : " L'oeuvre Les Oies de Feliferhof est un très beau projet qui rend honneur au jury et surtout à la hiérachie militaire de la Styrie qui y participait. Je voudrais vous féliciter et vous dire que cette oeuvre qui est à la fois un témoin de notre passé et un message pour l'avenir, constitue une très belle contribution à la défense des Droits de l'homme dans le monde. Je souhaite que d'autres villes et d'autres pays suivent votre exemple ". Le Maire de Graz répondit : "Je suis d'accord avec vous sur le fait que cette oeuvre contribue à éduquer la conscience collective dans le sens de la paix et de la tolérance et contre toute forme de violence."



    En tant qu'artistes parisiens qui, de plus étions invités, très expressément à participer à ce concours par les responsables politiques de Styrie et du Jury, invités à ne pas refuser notre participation malgré le délicat problème de faire de l'art sur un site militaire - sans parler de cette macabre raison 40/45 -, nous sommes révoltés par la légèreté avec laquelle aujourd'hui, les autorités militaires, dérogent aux règles qu'elles ont elles-mêmes mises en place lors ce concours. Nous avons accepté ces règles malgré un apport financier au projet tellement modeste, que notre propre engagement devrait déjà nous sembler être une erreur. Ce n'est pas un secret que le lobby militaire, la section des anciens combattants, sont farouchement opposés à ce projet comme à tout autre qui tente d'accréditer une forme de résistance autrichienne pendant la Seconde Guerre Mondiale. La question est de savoir si cette position sert positivement les militaires, l'armée et la démocratie en Autriche. Notre travail est surtout destiné aux 10 000 adolescents qui tous les ans vont être entraînés sur ce champ de tir. Ceci faisait partie du cahier des charges de l'armée. Nous avons eu la posibilité de parler avec des officiers de l'armée de Styrie qui n'étaient pas du tout choqués par Les Oies Du Felieferhof mais qui tout au contraire, trouvaient qu'il était grand temps d'engager sur ce sujet une discussion au sein de l'armée. Nous regrettons d'avoir poussé une fois de plus les militaires dans cette attitude de lâcheté que nous eussions tellement aimé qu'ils dépassassent une fois pour toute !
    Nous espérons que ce n'est qu'une rechute...

Esther et Jochen Gerz
Paris






PROJET D'ESTHER ET JOCHEN GERZ